Accusé d’avoir « révisé » Marx et Freud, de ne plus croire à la force révolutionnaire du prolétariat des pays capitalistes, de justifier les révoltes les plus violentes, celles de tous les « sans-espoir », qui récusent l’ordre existant, Herbert Marcuse est apparu dans la conscience mondiale comme l’une des figures les plus louées et les plus critiquées de ces dernières années. Par-delà les attaques et les louanges, reste une œuvre philosophique et politique, un style d’interrogation qu’aucun Marxiste — à l’est comme à l’ouest — ne saurait refuser de prendre en considération. L’ouvrage de Jean-Michel Palmier retrace la formation des théories d’Herbert Marcuse, l’élaboration de cette pensée négative, issue de l’École de Francfort qui, en unissant l’hegelianisme, le marxisme et la psychanalyse, a bouleversé l’horizon philosophique à la veille de la montée du fascisme. Il confronte les analyses de Marcuse à la réalité quotidienne, à toutes les révoltes qui naissent et meurent alors qu’au nom de la violence et du rêve elles s’efforcent de changer la vie. « Construire la vie quotidienne, la transformer, c’est réaliser l’histoire ou la fin de l’histoire. Après l’histoire interminable des soumissions, vient celle, à peine ouverte, des gestes de refus... La contestation est sans limites, comme la volonté de vivre dont elle émane ». La pensée dialectique et critique d’Herbert Marcuse constitue sans doute l’une des interrogations fondamentales de notre temps. Loin de se dissoudre dans le rêve et la nostalgie romantique d’un monde à jamais disparu, elle jette les fondements d’une nouvelle étude des contradictions et des brèches qui ne cessent d’apparaître au niveau du quotidien. C’est pourquoi Eros et civilisation, L’homme unidimensionnel, s’inscrivent parmi les œuvres philosophiques et sociologiques les plus importantes de l’époque contemporaine.