Nier la nature pathologique de la folie, c’est se heurter à une pratique médicale millénaire, qui ne saurait s’expliquer par la simple mauvaise foi ou le désir d’exploiter la misère d’autrui. L’antipsychiatrie considère donc que la maladie mentale — et toute pratique sociale qu’elle entraîne — est fabriquée de toutes pièces par le mythe de la maladie mentale lui-même. Ce serait là le véritable « microbe » de la « folie » hippocratique. Comment s’en assurer ? En étudiant la composition et l’impact du mythe de la folie, d’abord et surtout chez les « malades » et, au moins à titre de comparaison, également chez les « soignants » avec, en arrière-pensée, l’espoir de découvrir quelque rapport entre ce mythe et l’aliénation de ses « victimes ». Mais il était tentant aussi d’analyser l’influence de ce mythe sur le psychiatre lui-même et d’exposer les mécanismes de psychiatrisation qui transforment un comportement en une maladie. Kraepelin s’est avéré une cible facile et privilégiée. Ces deux études ne cherchent pas à prouver — et encore moins à aboutir — à des certitudes. Simplement à proposer une position cohérente et « compatible ».