Un couple se repose dans une maison isolée, en pleine campagne ; la femme attend un enfant, cependant que, dans un village voisin, sa grand-mère agonise. Entre ce qui n’est après tout, d’un côté, qu’une germination, et de l’autre, une ultime décomposition, d’autres scènes vont prendre place, rappels à l’ordre, manifestations de la viande : cohorte, sans plus, de violences, de saignements, de mains qui fourragent, de montées furieuses à travers la pluie, de boues grouillantes. Le couple achète un mouton, l’égorge, le dépèce ; l’homme court les bois, massacrant merles, rats, lézards ; tandis que la femme accouche, les passagers d’une voiture lancent sous les fougères le cadavre d’un nouveau-né, lent pourrissement en voie de retrouver la terre, contrepoint (peut-on le dire ?) à une course érotique du couple à travers les pentes mouillées, les arbres dégouttants d’eau, la terre grasse. Mais au-delà de la minutie des descriptions, de l’appel du gonflement et des couleurs organiques, au-delà d’un sadisme qu’on pourrait dire contemplatif, à quoi sommes-nous conviés sinon, avant tout, à une sorte d’ahurissement concerté devant le savoir de la mort ?