Trente ans ont passé ; on peut maintenant raconter — c’est de l’histoire — comment s’est passée la Libération à Toulouse : l’entrée des maquisards le 20 août 1944, la relève de « l’État français » de Vichy prise par les hommes du Gouvernement provisoire d’Alger, les Comités de Libération installés dans les préfectures et les mairies, l’ordre tant bien que mal maintenu — que faire, quand saute le couvercle de la marmite ? — et peu à peu, la remise en place des institutions républicaines, tandis que dure la guerre, qu’on manque de pain, de viande, d’électricité, que les prisonniers sont absents. Et de grands espoirs éveillés, des tentatives amorcées, dont certaines retrouvent aujourd’hui leur actualité : la participation du personnel à la gestion des entreprises, la structuration d’une économie régionale... En 1945, Toulouse, quelque temps capitale régionale, redevenait une ville de province. Mais Toulouse et la région toulousaine avaient vécu une vie intense, fiévreuse, que retrace ici celui qui, pendant dix-huit mois, en porta la responsabilité.