Définir le Droit, pour mieux en maîtriser la pratique et l’utilisation. La définition du Droit est, dans la doctrine dominante, tout inspirée d’une conception théologique de la loi et marquée de réminiscence du sacré. La loi, parole de Dieu, ou de son substitut laïque, l’État. Sacralisation de la Loi, théologie de la Parole qui est portée à élever la parole au-dessus de l’écriture et à considérer que, puisque la loi est parole, elle est — comme la parole de Celui qui l’a proférée — vérité, insusceptible de variation dans son expression, ni son interprétation. Ce qui se trouve ainsi fondé, c’est l’univocité de la loi, la rigueur de ses méthodes d’interprétation, le syllogisme implacable qui aboutit à la solution, la seule solution susceptible de s’imposer au sujet de droit — qui n’est jamais sujet, mais assujetti. Mais si la loi était en vérité, plus que parole, écriture ? Et non seulement parole et écriture. Mais encore silence ? Et si, dans son silence et l’absence qu’elle installe au cœur de l’État, la loi était alors plus présente et plus prégnante que quand elle est présente et qu’elle trouve son expression dans la parole ou l’écriture ? A ce moment, devançant et précédant toute loi, elle serait l’unique et l’anonyme auquel Blanchot a su donner un nom : plus anonyme que Dieu, plus imposante que Lui, elle serait alors — définitivement — le Très-Haut.