Ce texte traite de la capacité de voler. La difficulté d’écrire en plein ciel, sans table ni support, m’a obligé à hacher le récit. La composition du texte est le résultat d’une reconstitution au sol. L’ordre choisi est celui d’un syllogisme. 1 – « Everybody flying », c’est la majeure du syllogisme. Tout le monde vole, chacun est volant. 2 – « Les avions » constitue la mineure ou, si vous voulez, la raison du syllogisme. Seul vole celui qui ne parle pas. Ou, ne peut voler que celui qui ne parle pas celui qui a un défaut de parole. L’homme, en parlant, cesse de voler. Le titre de cette partie, « Les avions », indique à la fois la prothèse qui permet aux êtres parlant de voler et le lieu de leur perte. « Les avions » c’est aussi : nous avions. Comme la musique, l’écriture est gouvernée par un mode, majeur ou mineur ; le mode est ici mineur. La clé est cette première personne du pluriel du verbe « avoir ». « L’avions », verbe, est aussi un appareil volant. 3 - La troisième partie s’appelle « Bellerophon », l’homme qui, monté sur un cheval ailé, tombe du ciel sur l’ordre de Jupiter. Il est aussi, l’homme qui porte la mort écrite : l’écriture, signe d’infamie, souligne l’éloignement, l’étrangeté de celui qui porte l’écrit. La conclusion du syllogisme est donc la chronique des êtres qui ne volent plus, qui ont perdu leurs ailes et leur langage. L’âne porte en lui le souvenir, il est cette « chose » à partir de laquelle nous nous souvenons d’une « autre chose ». R.P.