Mettre l'écrivain en situation de créer à la chaîne. Lever à six heures, huit heures d'écriture par jour plus une séance de gymnastique, bouffe à la cafétéria, distractions à l'avenant. Rationaliser et rentabiliser la production écrite, calculer les besoins du lecteur, fabriquer des livres qui répondent à ce besoin. Écrivains encadrés par des techniciens de la chose écrite. La maison de l'écriture est un château Napoléon III (? !) entouré d'un parc, situé en banlieue, non loin de la Seine, on pourra même prévoir de rajouter dans le parc des bâtiments préfabriqués. L'écrivain a droit au dortoir, les bureaux sont dans une aile du château, on passe son temps à entrer et à sortir du château. Chacun a sa lettre, celui-ci est spécialiste du A et celui-là du Z, on va de A jusqu'à Z, on dispose de tout l'éventail, avec dans le corps des contradictions qui s'écrivent ABC, on marche de long en large, de A à B, de B en C et ainsi de suite. Mille écrivains à Paris, un Français sur deux achète un livre, faut rentabiliser la production, un livre par an, un mot par jour, une virgule par minute. Question de prix. Pas de débouchés pour l'écrivain, recyclez-vous : un métier, une situation stable. Il y a un concours d'entrée pour La maison de l'écriture, la sélection se fait par les mathématiques, on prendra 30 % de A et 10 % de G. Tu seras un génie mon fils, etc.