Pour des garçons de la classe 39, s’engager dans l’aviation c’était choisir le combat contre la stagnation. Mais trois camarades de promotion, un jeune instituteur, Éric et Bruno, vont retrouver cette stagnation au Maroc où on les envoie suivre leur entraînement : l’École de l’Air, tout juste dessinée au sol, véritable désert dans la ville, est peuplée de mirages nés après la victoire de 1918 et que l’effondrement de 1940 dissipera. La guerre perdue, le jeune instituteur se fait le narrateur de cette étrange fantasmagorie, à partir de la mort d’Éric qui a tenté de rejoindre Gibraltar en avion pour répondre à l’appel du 17 juin. Malade dans une chambre de Casablanca, il relit ses propres carnets et s’efforce de reprendre à son compte l’aventure ; la triple aventure, puisque le récit — souvent déterminé par la beauté du cadre — reflète trois attitudes différentes devant les événements : la participation morale, le détachement, et l’action réelle. C’est cependant la même découverte de l’âge d’homme, non sans mirages encore…