Un paradis comme Stevenson aurait pu en rêver et, dans cette région des Cévennes où il s'est promené avec un âne. Une communauté naturiste, pastorale, édénique, peut-être inspirée des anciens adamistes et qui, à l'encontre des sectes, récuse le prosélytisme et le lavage de cerveau. Des adeptes d'apparence rustique et quelque peu fabuleux - une comtesse de lignée cathare, un réparateur de tableaux ami des énigmes... - pour qui le Royaume des Fins n'est rien d'autre que le choix du bonheur immédiat, dans le cadre d'une vie naturelle et même primitive. Qu'une jeune fille, surgie des Flandres, comme l'Ève de Jérôme Bosch et, sous le coup de la mort de son frère qu'elle veut venger, trouve refuge dans cette providentielle Arcadie, et voici que le vieux mythe originel recommence autour du couple reformé. Trois morts pour un paradis, tel pourrait être le titre, telles sont les données de ce crime parfait en forme de légende aux couleurs occitanes, récit tracé entre la fascination des ors maudits, et le refus de se laisser déposséder du bonheur par son ennemi de toujours : l'ennemi du bonheur des autres.