Quel lien trouver entre ces quatre nouvelles ? Le vieux garçon de « La maison verte » qui rencontre l’ange du bizarre sous l’aspect d’un chien et devient sa victime ressemble-t-il à « L’ingénue de Pignerol » dont la langue incertaine provoque la mort d’une « mauvaise langue » ? Pas plus que ne leur ressemble le soldat naïf d’« Ils connaîtront les oasis », héros malgré lui et miraculé qui « manquerait au monde » s’il ne restait pas tel que Dieu l’a fait. Non plus que ne se ressemblent les deux jeunes garçons du « Quai des Anges » qui, au terme d’une équipée insolite dans le Paris de l’occupation, nous font préférer un humble mensonge à une vérité prestigieuse mais entachée de sécheresse de cœur. Il n’y a de lien que l’art du romancier du « Lac ». Il n’y a de ressemblant que le regard de Camille Bourniquel. Un regard attentif au mystère des êtres et au secret des choses. Un art qui lui-même participe de ce mystère et de ce secret : feutré, dévoilant peu à peu ses sortilèges d’imagination et de sensibilité, d’autant plus efficace qu’il nous tient ainsi sous le charme et, jusqu’à la fin, garde en réserve un discret humour.