Un monde décidément complexe, des sociétés qui opposent une singulière et opiniâtre résistance aux systèmes, aux idéologies et aux recettes trop simples, des individus bien décidés à ne plus s’en laisser conter. Voilà qui peut affoler bien des boussoles sociales ou politiques et dérégler les projets autant que les programmes. Le syndicalisme, comme d’autres interlocuteurs représentatifs, est aujourd’hui bousculé par les mutations. Il a pris du retard face aux changements dans le travail, l’emploi, les rapports sociaux. Il n’a pas franchi le cap de sa propre mutation. Mais elle est en vue lorsqu’il fait entendre sa différence face aux pouvoirs politiques en renouvelant et en renforçant son indépendance. Ou encore lorsqu’il affirme — ce qui n’est pas une clause de style — que l’emploi est la vraie priorité de notre société. Une société abreuvée de cynisme a besoin d’éthique. Le syndicalisme reste porteur de sens face à la logique patronale, face aux appareils étatiques et technocratiques. Il lui revient, à partir de son action sur le réel, de proposer une nouvelle frontière pour le social, pour l’emploi, pour l’entreprise. C’est son rôle et c’est aussi la condition de son renouvellement.