Les papes, qui avaient quitté Rome pour Avignon depuis plus d’un siècle, inaugurent par leur retour en 1420 le triomphe de la société de cour. La cour de Rome, c’est au moins deux mille personnes qui administrent l’Etat le plus complexe, le plus cosmopolite de l’époque, gèrent d’immenses fortunes et instaurent un mode de vie brillant dont les fêtes, les fastes, le luxe ostentatoire marqueront profondément le siècle. Mais c’est aussi une cour érudite, dont les grands esprits novateurs, inspirés de vastes desseins, assurent la renommée de Rome "capitale des Lettres". La création de l’université pontificale du Vatican, de la bibliothèque vaticane, la politique systématique d’achat et de copie de manuscrits, la lecture et le commentaire des auteurs grecs et latins contribueront à la naissance de l’humanisme et à son rayonnement. Le Vatican devient le centre et le nerf du monde chrétien. Rome renaît de ses cendres: sur les champs de ruines, les lacis de ruelles et de coupe-gorge, les princes de l’Eglise et les banquiers de la cour font percer de longues avenues bordées d’imposantes façades, décors somptueux pour d’étonnantes parades. Rien, dans l’histoire de l’Occident, ne peut se comparer à ce chantier où accourent de partout les maîtres les plus célèbres, à cette éblouissante floraison de tous les arts, à ce refuge généreux et tolérant ouvert aux poètes, aux humanistes et aux philosophes, libertins bien souvent.