Dans ce dernier quart du vingtième siècle, l’homme, la femme, l’arbre, l’insecte, l’oiseau, la mer sont-ils encore viables, ou doivent-ils commencer d’organiser leur survie ? Telle est l’interrogation première de ce livre — survivre, à en croire Littré, signifie, au figuré du moins : « Vivre après la perte de quelque chose de précieux. » Ne perdons-nous pas, jour après jour, quelque chose de précieux ? Chaque arbre qui s’abat, chaque galet souillé, chaque être humain martyrisé fait de nous des survivants. Ces niveaux de survie, c’est dans l’imagination sensible et dans l’acte créateur qu’il faut les rechercher. Le poète s’y emploie de toutes ses forces. Même si on ne l’écoute guère, il sait qu’il a raison ; il sait aussi qu’au-delà de son lucide pessimisme, « il reste quelques fenêtres claires dans ce paysage de nuit ».