Symphonie ou oratorio rock d’un nouveau monde : tel pourrait être le sous-titre de ce recueil de poèmes — ou peut-être aussi : « Requiem ». (On pense au "Requiem pour la fin des temps" de Messiaen, mais en syncopé) : Et nous chantons des requiems avec du swing... écrit justement Simone Collet, avant d’ajouter, presque à la fin de son recueil, ce mot terrible : « Je meurs de toutes mes forces ». Oui, il y a là un chant très moderne et très désespéré du monde fou, fou, fou, qui est le nôtre. Ces poèmes claquent, vitupèrent, raillent, comme autant de coups de fouet dans notre vieille chair que nous voudrions confortable, mais qui a cessé de l’être. Le titre même, Magnum, est aussi, ne l’oublions pas, le nom d’une munition superpuissante très à la mode, en ce moment, au cinéma. Et ce long poème est comme une suite d’impact de magnum 357. Cela donne un ensemble haletant, pas de phrases, l’essentiel, le coup de poing au creux de l’estomac, le mot qui dérange, qui fait mouche, avec — en prime — la poésie « féminine » définitivement fusillée « aux poteaux de la nuit ».