Au cours des premières décennies de ce siècle, la renommée d’André Suarès (1868 – 1948) fut presque aussi haute que celle de Gide, Claudel, Péguy, Romain Rolland, Valéry. Maître à penser de plusieurs générations d’écrivains et d’intellectuels, Suarès fut, à travers plus de quatre-vingts livres dont le célèbre Voyage du Condottière, tour à tour essayiste, biographe, critique, dramaturge, historien, philosophe, polémiste politique. Mais il se voulait d’abord poète. Or c’est l’aspect le plus méconnu de son œuvre. Ses poèmes en prose proposent une vaste méditation sur la grandeur et l’ascétisme. Ainsi Bouclier du zodiaque, conçu entre 1900 et 1905, est-il un livre secret d’un lyrisme éclatant. Au rythme des mois, Suarès y évoque la fatalité des passions de l’homme et de la femme. Aux saisons de la nature, éclairées par le feu du soleil qui donne élan et force, répondent les sentiments de l’homme. Suarès voulait faire du Bouclier un bréviaire, un office mystique. Sa ferveur lyrique nous éblouit.