On entend généralement par autorité une propriété du pouvoir : sa légitimité supposée, ou la dimension symbolique qui le constitue en institution. Mais, pendant des siècles, l'autorité fut la capacité de certains individus appartenant au monde de la haute culture textuelle - des énonciateurs appelés auteurs - à commander le respect et la confiance, à persuader les lecteurs de leur crédibilité. Cet ouvrage s'intéresse à l'autorité discursive et symbolique qui est au principe de nos croyances. La crédibilité des grands énoncés culturels (textes religieux, doctrines philosophiques, grandes idéologies), se fonde en partie sur leur origine historique et sociale. L'histoire de l'autorité, c'est celle de la succession des modes de croyance et des régimes d'énonciation de la vérité, telle du moins qu'on peut la reconstituer à partir des grands textes de la culture occidentale et de l'influence religieuse, idéologique et politique qu'ils ont exercée. C'est celle du poids culturel et social qu'ils ont eu dans la tradition gréco-latine et judéo-chrétienne, avant que n'apparaisse la crise de la modernité, porteuse de nouveaux savoirs. Mais l'autorité intellectuelle n'appartient pas au passé. Le crédit, la confiance, la fiabilité continuent à jouer leur rôle, jusque dans les secteurs les plus avancés de la recherche scientifique.