Le temps est venu de se demander si les critiques contemporaines adressées à la philosophie de la conscience et du sujet égologique, ont vraiment épuisé les ressources de la phénoménologie transcendantale telle qu'elle fut élaborée dans l'œuvre de Husserl. N'a-t-on pas trop vite célébré la mort du sujet conscient, avant de s'interroger sur ce qu'était cette conscience par laquelle le sujet se rapporte aux multiples facettes de sa vie ? Ce livre tente d'opérer un retour à la pensée de Husserl qui se laisserait guider par l'usage, parfois critique, que Heidegger, mais aussi Cassirer, Sartre, Merleau-Ponty, Levinas, Henry et Derrida, en ont fait. Une telle démarche est susceptible de mettre au jour des aspects nouveaux, ou méconnus, de l'analyse husserlienne du sujet conscient. Celle-ci s'appuie, en effet, sur la conviction que la prise en compte d'un écart originaire et irréductible au sein de la vie du sujet, loin de conduire à l'éclatement d'une philosophie de la conscience, révélerait plutôt la dimension la plus profonde de cette vie, où règne la différence et où sévit la rupture. Notre examen systématique de la réduction phénoménologique, de l'intentionnalité, de la perception, de la temporalité, de l'intersubjectivité et du langage, fera apparaître avec une insistance croissante l'importance et l'énigme de la notion husserlienne d'une transcendance dans l'immanence, ou d'une altérité constitutive de l'ipséité. Ce dialogue posthume de Husserl avec ses disciples [...] engage en même temps une réflexion sur les fondements mêmes de la modernité philosophique.