La question de l'être, de l'être en tant qu'être, semble effacée de nos mémoires. N'est-elle pas oiseuse et stérile, réservée aux archéologues d'une philosophie préscientifique ? Nous convenons, pourtant, que l'être est la chose impénétrable, la matière opaque et inaltérable. Aussi l'esprit ne semble-t-il, à son tour, que l'ombre de l'être et qui n'est pas. Ainsi, l'être ne fait plus question quand s'oublie l'esprit, l'être de l'esprit. L'enjeu de la question, cependant, est immense : si l'esprit n'a pas d'être, l'homme n'est qu'objet naturel surchargé d'artifices techniques. Enjeu perdu dans une régression de notre civilisation qui a nom décadence, et qui passe sur les tombes de l'éthique, du politique, de l'art et de la religion. Mais la décadence peut être refusée si l'esprit est reconnu dans son être impérissable. La philosophie ne vaut pas une heure de peine si elle en est incapable. Il lui faut pour cela régénérer le savoir de notre esprit et de l'Esprit absolu. Et elle y parvient en trouvant réponse à la question de l'être, en tant qu'être : l'être qui n'est qu'esprit, c'est l'être qui n'est qu'être.