Les particularismes locaux, toujours vivaces en Europe malgré des siècles de centralisation, se transforment progressivement au vingtième siècle en régionalismes puis en infranationalismes combatifs. Jusqu'au début des années 80, alors que l'Italie acceptait le fait régional, que le Royaume-Uni s'engageait dans la dévolution, que l'Espagne fondait l'État des autonomies, la France se crispait dans son jacobinisme traditionnel et on pouvait craindre l'affrontement. L'année 81 est celle d'un curieux renversement des politiques. Le Royaume-Uni se durcit jusqu'à l'inacceptable dans l'affaire irlandaise ; l'Espagne, qui craint des réactions militaires, freine l'évolution. La France, au contraire, sous l'impulsion du gouvernement socialiste issu de l'élection de mai, engage une vaste réforme qui va redonner vie à la démocratie locale et aux assemblées régionales. La mise en place de cette réforme occupera les premiers mois de 1982. Il n'est pas inutile, dans ce contexte, de rappeler le vaste mouvement de révolte des régions qui, du coup de tonnerre irlandais de 1916 aux derniers attentats corses, n'a cessé de peser sur l'évolution des États-Nations d'Europe occidentale.