Au bord du rien, le chemin entre dans l’obscurité. Tout semble vouloir disparaître. Y compris celle qui écrit. Peut-on renaître derrière une fenêtre ou allant d’une pièce à l’autre de la maison, aux aguets de l’invisible ? Poser le pied sur des îlots épars – fractions de plénitude où il est donné de voir et de voguer sur la chose vue. L’écriture du regard des recueils précédents – celle qui capte les petits riens gorgés de vie – glisse ici vers le versant du non-être. Pas vraiment la mort, mais un entre-deux, sorte de limbes. En état de déséquilibre et de quasi-disparition, participer à son propre sauvetage par ce rien qui garde de s’anéantir, qui permet d’habiter l'œil et de rester ainsi lié. Quelque chose d’infime au dedans et autour de soi vient à la rescousse, sans qu’aucune voix forte n’ait appelé. La poésie serait-elle ainsi l’expression de la foi ?