Israël est-il coupable ? Serait-ce, enfin, vrai ? À peine l'armée israélienne avait-elle pénétré au Liban que les mots de génocide et d'holocauste couraient dans les médias, alors que la guerre du Liban, commencée il y a plus de six ans, avait déjà fait près de cent mille victimes dans l'indifférence presque complète de la conscience universelle. À peine les massacres commis dans les camps palestiniens de Sabra et de Chatila étaient-ils découverts, qu'une véritable instruction pour complicité de crime de guerre s'ouvrait dans le monde entier contre Israël. Pourquoi un tel empressement ? Pourquoi de telles outrances ? Propos d'irresponsables isolés ? Désinformation concertée ? Assiste-t-on, sous le couvert d'un antisionisme virulent, à une renaissance de l'antisémitisme ? Telles sont quelques-unes des questions brûlantes qui ont provoqué ce livre. Il était urgent que les faits — tous les faits dans leur passionnante et irremplaçable logique — soient soumis au travail de restitution et d'intelligence qu'Annie Kriegel accomplit ici en historienne rompue à la recherche et à la confrontation des données. À la lumière, notamment, des nombreux et étonnants documents palestiniens saisis au Liban, l'événement s'éclaire et prend son sens : le rôle de l'O.L.P. comme centre du terrorisme international lié au mouvement communiste ; l'ambiguïté constante de la politique française au Proche-Orient ; enfin, et surtout, l'apparente passivité de l'URSS. Au-delà du drame local, aussi déchirant soit-il, Annie Kriegel replace l'affrontement israélo-palestinien et la guerre du Liban dans leur dimension véritable et essentielle : celle du conflit Est-Ouest qui commande notre destin.