Je suggère un glissement de paradigme en ce sens qu'il me semble que, de plus en plus, l'Union soviétique devrait apparaître comme une simple pièce, une pièce certes première, primordiale, centrale, motrice, mais une pièce d'un système qui compte beaucoup d'autres pièces, à savoir le système communiste mondial. Un système qui, en lui-même, n'est pas exclusivement territorial et bien moins encore purement étatique. Mais un système qui se déploie dans une pluralité de champs : le champ théorique, le champ stratégique, le champ politique et le champ institutionnel. Ce glissement de paradigme ne surgit pas de manière arbitraire, il est lié, au contraire, à une mutation objective du phénomène sous examen qui, au cours des soixante années écoulées, s'est considérablement transformé, développé, sophistiqué. Mais ce changement de paradigme n'est pas seulement nécessaire, il est avantageux. Il permet de distinguer, à l'intérieur du système communiste mondial, trois sous-systèmes : le sous-système des partis, le sous-système des partis-États, le sous-système des alliances...