L’influence exercée par la lecture de Hobbes (1588-1679) sur la pensée de Leibniz (1646-1716) est attestée par le philosophe allemand lui-même, qui déclare à son aîné, alors qu’il n’a que 24 ans : « Je crois avoir lu la plupart de vos œuvres publiées tantôt séparément, tantôt rassemblées, et je prétends en avoir tiré profit comme peu d’autres en notre siècle. » À notre connaissance, Leibniz n’en dira jamais autant d’un autre de ses contemporains, et rien ne laisse présumer qu’il n’était pas sincère. Au contraire, les contributions rassemblées dans ce volume ne font qu’en confirmer la justesse et la validité au-delà des seules années de jeunesse. Elles montrent que Leibniz connaît bien l’œuvre de Hobbes : qu’il l’a méditée très tôt, qu’il l’a fréquentée assidûment, qu’il y a trouvé des ressources théoriques fécondes et puisé certains concepts. Quoiqu’il n’ait pas réussi à entrer directement en contact avec lui, le philosophe allemand en a fait dans ses textes un interlocuteur majeur, dont il rencontrait nécessairement les thèses, en traitant de physique, de théorie de la connaissance, de morale, de religion, de droit et – bien sûr – de politique.Couvrant l’ensemble des champs philosophiques dans lesquels la pensée des deux auteurs s’est exercée, ces études visent à offrir au lecteur le moyen de lire autrement l’œuvre de Leibniz et de jeter une lumière inédite sur un certain nombre de ses thèses. Elles permettent également d’éclairer sous un nouveau jour les positions de Hobbes, d’en saisir certaines difficultés et de rendre compte de la manière dont celles-ci ont pu être reçues et commentées. Divisé en quatre parties, l’ouvrage comporte un appendice dans lequel sont traduites, pour la première fois intégralement en français, les deux lettres de Leibniz à Hobbes (1670 et 1674).