L’œuvre, nombreuse, originale et intense de Robert-Hugues Boulin, nous a accoutumés à des évocations lumineuses et colorées, à la subtilité des sensations. La méditation, plutôt que le rêve, en découle, sereine, ouverte. La fidélité du poète à soi-même, est aimer au sens universel. Voici le souvenir pudique de la compagne, qui n’est plus et qui reste, présence vivante dans le processus même de l’éloignement : Les lambeaux de la chair ne peuvent se recoudre, tout ce que je ressens, tu ne le perçois pas, le pollen des frissons n’est pas stérile poudre et nos bouches iront jusqu’au bout du repas. Or, le monde est beau, mais il est le lieu de l’effacement. L’invisible, le mystère diffus qu’incarne Guenaël, cet échappé d’entre les anges apocryphes, rencontré au domaine intérieur depuis longtemps par le poète, reparaît sur ces collines de la mer. Une presque insolite profondeur, la manière de Robert-Hugues Boulin d’être au monde et d’y voir clair ne nous entraîne jamais, pour autant, hors du vrai. Le poète déchiffre le monde — je vis pour témoigner — Il en restitue l’évidence et la nature profonde, nous propose une lecture du sens dans la plus parfaite intégrité individuelle : Je suis qui me ressemble et vis toujours l’espoir. Et, nous propose-t-il, sur ces collines où se chiffre toute l’énigme et tout le sensible : Ne pas se retourner, aller tout droit sa route. Les collines de la mer : un recueil majeur de Robert-Hugues Boulin. Marie Chevallier