Les « vêtus de vent » sont, en Inde, les ascètes errants et nus, qui se sont dépouillés de tout l’inutile et chantent Dieu le long des chemins. À leur image sont les poètes d’aujourd’hui qui, renonçant à tous les artifices du langage, tendent vers la simplicité originelle. Familier des philosophies orientales, Docteur ès lettres, Jean Biès, pour qui l’art poétique est indissociable de la sagesse, est l’un de ces itinérants de l’esprit. Son recueil se veut « moins une suite de poèmes qu’une anthologie de frémissements pris sur le vif, une constellation d’évidences fugaces... », « un bouche à bouche du langage et du silence... » En voulant enfermer l’infini dans l’infime, suspendre la pensée, retrouver le verbe au fond du paradoxe, « miniaturiser l’absolu », ces chansons puisent dans l’essence même du Taoïsme et du Zen, dont elles sont comme un lointain parfum, distillé dans l’obscur des espaces intérieurs.