1940, pour la grande majorité des Français, est l’année de l’invasion allemande et de la débâcle. Pour certains, 1940 est aussi l’année de la guerre contre le Siam. Paul Esmérian a vécu cette guerre dans les jungles indochinoises. La première partie de son Journal – griffonné dans un style souvent télégraphique, sur des feuilles de papier de fortune – reconstitue la vie quotidienne des hommes qui subissent cette « drôle de guerre » aux confins du Cambodge où, aujourd’hui, le peuple khmer agonise. À l’arrivée des Japonais à Saigon, il part pour les Philippines. Peu après, Pearl Harbor est attaqué et les Philippines envahies par les Japonais. Sympathisant gaulliste, il est interné à Santo Tomas. Dans cette deuxième partie du Journal, par touches rapides et simples, Paul Esmérian redonne aux femmes, enfants et hommes de Santo Tomas, cette troisième dimension qui les fait revivre. Participant quotidiennement aux drames et aux joies, aux travaux et aux distractions du camp, aux espoirs et aux angoisses des internés qui attendent, il a su transcrire dans son Journal leur authenticité.