Quelqu’un s’adresse à nous – un homme ? une femme ? Nous ne le saurons pas. Cette personne nous parle depuis la chambre d’hôpital où elle est née, et dans laquelle sa vie est destinée à se dérouler. Des infirmières et des médecins l’examinent, la surveillent, la monitorent. On lui administre des piqûres, on la rééduque, on la contraint. La seule échappatoire à cette routine est une fenêtre par laquelle elle aperçoit des bribes du monde extérieur. Parfois, un monstre aussi consolateur que protéiforme vient s’occuper d’elle et la prendre dans ses bras ; pour la réconforter, il lui murmure des choses : le monde est contre elle, tout cela n’est qu’un complot, peut-être est-elle le cobaye d’une expérience qui conspire à lui nuire. Peu à peu, la réalité se distend, les murs de la chambre s’élargissent, les mots débordent d’eux-mêmes, et la violence affleure…Après Créatine, Victor Malzac fait à nouveau parler un personnage poreux à tous les discours : rageur, scandé, âpre, Le Monstre mur explore les confins d’une psyché troublée et contrainte par des forces qui la dépassent. Mais les violences, les douleurs, les angoisses que cette voix exprime au coeur de son délire très loin de nous être étrangères, et pour cause : ce sont celles dont nous souffrons.