Le syndicalisme français reste souvent associé à l’image des grèves. Ces dernières décennies, leur fréquence a pourtant beaucoup reculé. La reproduction de cette « culture syndicale » dans les espaces du prolétariat contemporain, celui des secteurs du commerce (livraison) et des services (propreté), reste particulièrement contrainte. À partir d’une enquête menée auprès d’une structure territoriale de la CGT, cet ouvrage analyse le travail syndical d’organisation et d’apprentissage de la grève dans ces univers professionnels peu habitués à en connaître. Il éclaire la force des obstacles à la diffusion de cette pratique syndicale, les conditions de leur dénouement et les tensions auxquelles se heurte l’acculturation des militants à la grève au sein même de cette organisation syndicale. À rebours des visions fantasmées ou idéalisées du rapport des syndicalistes français à la grève, ce terrain d’enquête permet de mieux comprendre comment se reconfigurent les possibilités et les modalités de recours à la grève sous l’effet des transformations du capitalisme français et des structures sociales du syndicalisme français. Il fait aussi rejaillir les contradictions politiques du syndicalisme « contestataire » français dans sa capacité à organiser la résistance des salariés les plus dominés.