"Être seule, vivre intérieurement pour soi, est pour moi un besoin aussi impérieux que le contact et la chaleur humaine. Besoins aussi forts et passionnés l'un que l'autre, mais séparés et sujets au changement et à l'alternance, et c'est précisément cela qui paraît infidèle et inconstant." Romancière, essayiste, psychanalyste, Lou Andreas-Salomé (1861-1937) est avant tout un esprit libre. À vingt ans, elle fait le pari d'une amitié philosophique avec Nietzsche, et joue avec le feu de son amour. À trente, compagne de Rilke, elle le guide sur la voie de la création, et se dérobe à sa passion. À quarante, elle est accueillie par Freud comme sa disciple la plus intelligente, et lui fait accepter ses hérésies. Femme parmi les hommes, elle a rêvé d'un "monde de frères", de mariage sans sexualité, de maternité sans procréation, d'inconscient sans pulsion de mort. Philosophie, poésie et psychanalyse ont été les instruments d'une seule grande affirmation : le lien indissoluble entre l'individu et la vie tout entière. Lou Andreas-Salomé n'aura eu qu'une obsession – qui est aussi le titre d'une de ses nouvelles : "le Retour au Tout".