Dans les lignes invisibles de tout curriculum vitae, on trouve le récit de quelques rêves, l’émerveillement des premières lectures, l’histoire des apparitions et des disparitions qui ont forgé nos existences. Comment quelqu’un apparaît-il dans ma vie ? Comment quelqu’un en disparaît-il ? M. L. disait dans une séance qu’il avait réalisé, de manière soudaine, qu’il ne retrouvait plus son sourire : "Je ne comprends pas, c’est justement son sourire qui m’avait attiré en premier, son sourire ouvrait quelque chose en moi, ici, dedans." Et il se touchait la poitrine. Son sourire, sa démarche, la courbe de ses hanches, tous ces signes qui lui avaient permis de (re)trouver l’objet aimé désertaient désormais, dans un strip tease irréversible et cruel. Il a fallu se rendre un jour à l’évidence : la femme qu’il avait aimée avait disparu, et il partageait maintenant sa vie avec une inconnue. "Cela me faisait penser à une phrase de Rita Hayworth, déesse désabusée : They go to bed with Gilda, they wake up with me." On est saisi, avec l’auteur, par les apparitions et les disparitions, légères et graves, qui sont l’ordinaire de la séance d’analyse et – différemment – de la vie. On est saisi par leurs questions : où étais-je passé ? Pourquoi as-tu disparu ? Où étiez-vous ? Vous : le temps passé, nos rêveries, les personnes chères. Ce livre se lit aussi comme l’hommage discret et souriant de l’auteur à son ami J.-B. Pontalis.