Situé dans une région pauvre de la Chine du Nord-Ouest, ce village des années 1960-1970 n'est pas sans rappeler le Macondo de García Márquez ou le Yoknapatawpha de Faulkner. Un univers littéraire à la fois réel et imaginaire servi par une structure romanesque unique en littérature chinoise. Cao Naiqian élabore un puzzle en trente morceaux, racontant chacun un drame familial ou une scène de la vie campagnarde. Les histoires sont indépendantes, mais les destins se croisent. La sexualité et la nourriture, «deux éléments essentiels de la vie humaine», sont ses principales préoccupations. Une sexualité liée à un manque et à une frustration associés à la misère, mais aussi aux contraintes sociales et politiques. Rapports incestueux, polyandrie et relations extraconjugales sont décrits de manière subtile et retenue, dans une langue concise et imagée. Ce roman poétique est aussi sensuel que désespéré.