Vous traînez dans la gare. Nulle envie d'acheter un billet. Vous goûtez simplement l'atmosphère de ruche effervescente. Les gens montent et descendent des trains, se croisent dans le hall sans manifester la moindre émotion. Ils se déversent en grondant au-dehors, dans l'avenue obscurcie par l'orage naissant, ou dans les tunnels d'accès au métro. Ils glissent sans s'arrêter le long des murs, vers le soir et la nuit. C'est la vie, la vie et son organisation, c'est la façon dont les choses se sont mises en place, à l'infini, c'est la vie et son indicible menace, son malheur toujours sur le point d'arriver... Hors la nuit, premier roman de Sylvain Kermici, nous immerge dans un esprit qui s'égare, gangrené par l'obsession ; et s'attache à décrire avec minutie le lent basculement d'un homme dans la démence. Mais c'est aussi le récit d'un amour hors norme, d'un désir absolu et désespéré d'union, qui ne pourra jamais trouver d'apaisement. Jamais dans ce monde-ci, où règnent la confusion et la nuit.