Longtemps après l’adolescence, Jean Mattern relit la "fantaisie pompéienne" de Wilhelm Jensen, discret écrivain munichois (1837-1911), et le commentaire que Freud en a fait en 1907. À la suite d’un rêve qui redonne vie à une figure de marbre antique, un jeune archéologue se rend dans un état second à Pompéi. La jeune femme de son rêve vit en réalité en bas de chez lui, et n’est autre que son amie d'enfance, oubliée : elle le suivra dans son voyage, le guérira de son délire en y entrant et en utilisant les mêmes médicaments langagiers que le psychanalyste. L’amour est médecin, et la psychanalyse est une archéologie de l’amour. Jean Mattern entre-tisse plusieurs fils dans cet essai : celui de sa propre psychanalyse, de ses pertes et de ses deuils, celui d’une découverte vitale singulière ; le fil de l'éclairage que sa deuxième lecture du Délire et les rêves à trente ans de distance projette sur la première, et sur lui-même ; celui réciproque qu’il porte sur le texte de Freud. L’auteur s’expose et s’explique simplement, directement, au grand jour. Mais l'énigme de son enquête rappelle que, dans Pompéi enseveli, la lumière de midi accueille des fantômes.