Qu’est-ce que le pouvoir dans la France de Richelieu et de Louis XIV ? Question redoutable, inépuisable, que repose ce livre. Arlette Jouanna interroge à frais nouveaux les caractères originaux de l’idéologie absolue comme système de légitimité construit au service d'un prince qui se veut investi par Dieu. Au XVIIe siècle, après la terrible déchirure des guerres de Religion, la croyance en la sacralité du roi a fait de lui l’unique source du droit, ce qui tend à assimiler le légitime au légal. D’extraordinaire et dangereuse, la puissance absolue est devenue ordinaire et bénéfique ; l’art de gouverner y gagne une autonomie temporelle inédite et entame le lent processus de l’impersonnalisation de l’État. Les résistances à cette révolution politique, qui marie droit divin et raison d’État, échoueront à s’imposer pendant la Fronde. Louis XIV saura incarner magnifiquement la majesté de l’État absolu ; mais sa force même d’incarnation finit par rendre opaque le lien entre pouvoir et justice. De là à le tenir pour un despote… Son règne marque à la fois l'apogée et le début du déclin de l’imaginaire sacral de la monarchie. Le Prince absolu fait suite au Pouvoir absolu : Naissance de l’imaginaire politique de la royauté (2013). L’originalité de cette œuvre est de mettre en miroir les fondements théoriques de la "religion royale" avec l’histoire en train de se faire, qui ne cesse de les modeler. Par où elle renouvelle et enrichit notre intelligence de l’histoire politique de l’Ancien Régime.