Non, la question de la promesse n’est pas d’abord celle de l’infidélité. Pour penser la promesse, il faut cesser de l’envisager à l’horizon du seul manquement, de l’inéluctable trahison, bref de la fausse promesse. Si cet engagement a une valeur, c’est comme décision d’affirmer notre responsabilité humaine, notre aptitude à répondre de la parole donnée.Cette parole est action : que je dise je t’aimerai toujours, en janvier j’aurai fait baisser le chômage ou simplement comptez sur moi pour être à l’heure demain, à l’instant même où je promets, je proclame non seulement l’incertitude de l’avenir mais surtout ma capacité à engager ce futur imprévisible, qui soudain dépend tout entier de moi. Acte éthique par excellence, la promesse est donc la manifestation la plus puissante de notre volonté, le témoignage le plus exaltant de notre liberté. La promesse est un acte impossible, mais c’est le seul digne de ce nom, résumait naguère Jacques Derrida. Dans la tradition de débat et de pédagogie portée par ce Forum depuis maintenant un quart de siècle, tous les auteurs, venus des horizons les plus divers, explorent la promesse – cette parole qui se jette en avant, ce geste qui n’est ni échange ni contrat, ce don inconditionnel qui nous oblige et nous lie à autrui. Sans promesse il n’y a ni confiance, ni amour, ni religion, ni droit, ni politique. C’est elle qui fonde la possibilité même d’un monde à venir. C’est la promesse qui nous fait tenir.