Empédocle, c'est un garçon de notre temps, un garçon que nous connaissons bien : la sottise l'écœure, il voit, mieux qu'un autre, monter les périls, il sait aussi quelle part d'extravagance, de mauvaise foi et d'aveuglement entre dans les doctrines toutes faites au nom desquelles les hommes se haïssent et vont s'entretuer. Et il refuse de mêler sa voix à ce concert assourdissant, de prendre part au dialogue des sourds qui ont entrepris de mener le Monde. Naturellement, il a essayé, – et un peu, il faut bien le dire, pour l'amour d'une fillette, – d'agir sur son temps comme disent les gens sérieux. Mais Empédocle a une tare – un vice congénital qui l'empêchera deréussir : il a de l'humour et point d'hypocrisie. Il ne peut pas gagner. Il perdra donc – mais avec beaucoup d'application. II osera, face aux folies des engagements, signifier sa révolte, et inscrire son destin dans un refus qui fut tragique, et qui est exemplaire. On sait qu'un peu plus tard il disparut comme tout le monde dans un volcan.