Les vieux mythes des Indo-Européens ne survivent à Rome que costumés en histoire, et en histoire nationale ; un intérêt humain, romanesque et juridique y tient lieu du merveilleux qui, dans l'Inde par exemple, est inséparable de l'idée de mythe. Dans la direction déterminée par Georges Dumézil dans de précédentes études (Mitra-Varuna, 1940 ; Jupiter, Mars, Quirinus, 1941), la nouvelle collection essaiera de reconnaître et d'expliquer quelques-uns de ces «mythes romains».Le premier volume étudie ce qu'est devenu à Rome le mythe qui, chez les Indo-Européens occidentaux, justifiait le rituel d'initiation militaire des jeunes gens et qui est encore bien conservé, avec sa valeur ancienne, dans la littérature de l'Irlande païenne. Ce mythe, en liaison plus ou moins étroite avec les rites, comportait plusieurs épisodes : acquisition du précieux don de fureur guerrière par un combat victorieux avec un adversaire triple ; retour chez les siens du jeune homme «furieux» et son opposition violente avec une parente impudique ; médication calmante et purifiante rendant le jeune homme inoffensif sans lui faire perdre ses dons guerriers. C'est la matière même qui, dépouillée de son ressort mystique et tournée en roman, constitue l'aventure d'Horace vainqueur des trois Curiaces, meurtrier de sa sœur, condamné, grâcié et purifié par les Romains.