"J’ai écrit ces pages au Faou, dans une solitude et une réclusion totales, cet étrange printemps de 2020 où le gouvernement nous intimait l’ordre de nous claquemurer et de limiter nos sorties à l’essentiel. Oui, j’ai écrit alors qu’un virus venu de Chine se propageait en France et provoquait plusieurs dizaines de milliers de morts, avec, sous les yeux, les palmiers du jardin de Kerrod, l’église des marées, la ligne des collines qui cachent la vallée de l’Aulne, les taillis et les bois, d’un vert magnifique, et dont la prolifération incontrôlée occupera bientôt tout le paysage. C’était le mouvement même, mémoriel et sensible, qui avait donné Les marées du Faou et L’intimité de la rivière, ce retour amont qui me livrait, avec une incroyable acuité, des réminiscences enfouies, des odeurs, des anecdotes, et même des patronymes. Je devenais soudain l’enfant de Kerrod écoutant les récits de son grand-père, rêvant l’engloutissement d’Ys, se heurtant au silence de l’autre grand-père et au mystère de son bateau disparu…"