Ce volume reprend deux textes initialement parus dans Le Débat. Le premier, Quatre-vingt-neuf mots, publié en 1985, constitue une explication avec son propre vocabulaire d’un écrivain confronté à une double épreuve : l’exil, la vie dans une autre langue que sa langue maternelle, et les trahisons de la traduction. Le second, Prague, poème qui disparaît, paru en 1980, est un plaidoyer pour la culture de la "petite nation" dans laquelle il s’est formé et qui a nourri la spécificité de son œuvre. On y trouve, avec la même nostalgie angoissée que dans Un Occident kidnappé, la double condamnation de la "civilisation soviétique" qui a étouffé et persécuté cette culture, et de l’Europe occidentale qui ne sait pas la reconnaître, ni même la connaître. À l’heure où Milan Kundera nous quitte, la reprise et le rapprochement de ces deux textes nous le rendent dans sa présence la plus vive. Nous formons le vœu qu’ils soient pour certains lecteurs la meilleure des introductions à l’univers romanesque de Milan Kundera, et qu’ils permettent à d’autres de le retrouver dans son ironie ravageuse et sa subtilité de jugement.