On l’oublie trop souvent : Descartes s’est d’abord voulu physicien. Le Monde ou Traité de la lumière est le grand livre qu’il a préparé dès le début des années 1630 et qu’il renonce à publier en 1633 après la condamnation de Galilée. Faute de pouvoir "donner [son] Monde au monde", puisque la Terre y tourne autour du Soleil, il en livrera un aperçu en 1637 dans le Discours de la méthode, et publiera en 1644, dans ses Principia philosophiæ (Les Principes de la philosophie, 1647), un exposé de physique présenté différemment. Rédigé directement en français, Le Monde est un traité d’une audace extraordinaire. Considérant d’abord les sensations et les trois éléments constituant la matière, il propose ensuite la "fable" d’un "chaos" initial qui s’ordonne peu à peu, d’après trois "lois de la nature" seulement, jusqu’à former "un monde semblable au nôtre". Le traité, inachevé, devait se terminer avec L’Homme. Les deux textes ne seront publiés qu’en 1664, quatorze ans après la mort de leur auteur. Le Monde ou Traité de la lumière est ici présenté avec une riche introduction et un important appareil critique, éclairant en particulier sa place dans l’œuvre de Descartes ainsi que dans l’histoire des sciences.