Le projet des Registres, à la fois œuvre des souvenirs et souvenirs de l’œuvre, tel que Jacques Copeau l’avait envisagé, répondait au besoin de questionner le sens de sa vie et de se racheter du sentiment de 'n’avoir produit que des choses périssables, éphémères'. Les années qui vont de 1929 à la Seconde Guerre mondiale sont marquées par la profonde solitude de Copeau. À mesure que ses projets deviennent irréalisables, son regard sur l’état général du théâtre se fait lucide et incisif. La théorie de Copeau cherche à redessiner la place du théâtre et de ses institutions dans une culture du spectacle qui évolue rapidement (avènement du cinéma parlant et de la radiodiffusion, impulsion de grands mouvements sociaux et politiques culturelles des régimes autoritaires). L’ouvrage expose les rapports de Copeau avec la culture italienne des années 1930 – les mises en scène au Mai musical florentin – et revient sur la partie la plus controversée de sa carrière : la direction intérimaire de la Comédie-Française dans les premiers mois de l’Occupation de mai 1940 à janvier 1941. Après ce chapitre amer, de retour en Bourgogne, Copeau réalise en 1943 sa dernière tentative, réussie, d’expérimenter le modèle d’une représentation chorale et rituelle.