'Lorsque Valery Larbaud, âgé de 27 ans, publie en 1908 ses Poèmes par un riche amateur, il se désolidarise de son milieu dont il exhibe le plus excessif représentant. Il n'est, sous un nom d'emprunt, qu'un exécuteur littéraire. Mais quelle exécution! C'est une vengeance contre son hérédité, un camouflet à sa mère qui lui a refusé son émancipation légale et l'a soumis à un conseil judiciaire, c'est une provocation sociale et intellectuelle, une confession, un manifeste, une apologie, un blâme. C'est une rébellion, un défi. C'est Barnabooth, le mystérieux narrateur de ses frasques, le milliardaire enfant gâté ; mais c'est aussi Valery Larbaud, l'héritier d'une famille aisée, le mystificateur passionné de vérité. [...] Nous ne regardons pas voyager le poète, nous voyageons avec lui. Et, pour la première fois dans notre littérature (oui, l'événement est là), nous éprouvons le sentiment d'un mécanisme universel : la belle machinerie humaine train de luxe, paquebot conjuguée avec la respiration d'un homme qui nous confie, au rythme des trépidations, ses frémissements les plus secrets : Ô vie réelle sans art et sans métaphores, sois à moi.' Robert Mallet.