"Qu’il me soit donc, ce cahier, une occasion de bavarder, à la franquette du cœur. C’est que je ne prononce pas dix mots dans la journée. Je me parle tout seul, il arrive même que dans la rue je surprenne le rire à moitié étouffé d’une bonne dame à sa fenêtre, qui ne sait pas qu’on peut se faire des discours, quoique seul." Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux ; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l’humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit : par moments, par éclairs, par éclats. "Pour ne rien perdre de cette incessante lecture, tout m’est bon – bouts de papier, souvent hygiénique, tickets de métro, boîtes d’allumettes, pages de livre. J’en suis couvert." Avec ses Papiers collés, dont c’est ici le deuxième tome, Georges Perros a inventé un genre. Et il était le seul à pouvoir le porter à la perfection.