Depuis le baby-boom, la psychanalyse du premier âge explore la créativité et la vulnérabilité des liens postnatals entre parents et nourrisson. Forte de cet héritage, il est temps maintenant qu’elle accueille « l’enfant virtuel » anténatal du troisième millénaire : sa majesté le bébé a vécu, vive le fœtus-savant ! Ce fœtus, « personne potentielle » mais « patient » à part entière du diagnostic anténatal, plonge parents et soignants dans une inquiétante étrangeté, tour à tour, séductrice ou effrayante mais, toujours, fascinante et nostalgique. Ce contexte de mutation anthropologique majeure est pour le psychanalyste une véritable corne d’abondance clinique et éthique ! Confronté aux avatars de l’épigenèse entre nidification parentale et nidation fœtale, l’esquisse d’une véritable embryologie de l’intersubjectivité se dessine devant lui et lui donne l’occasion d’engager le débat des traces énigmatiques de la préhistoire liquidienne de la pulsion et de la relation d’objet. La consultation thérapeutique anténatale lui offre la possibilité d’accueillir les versions aliénantes de ces empreintes primitives qui s’inscrivent en temps réel dans le corps de l’embryon puis du fœtus et, après-coup, demeurent dans la partition biopsychique des humains. Mais finalement bien au delà de la seule périnatalité, l’exploration de l’Atlantide intime donne au psychanalyste la précieuse opportunité d’envisager la virtualité du transfert et du cadre.