Fruit d’une correspondance entretenue de l’été 1980 à l’hiver 1991 avec Jean-Luc Hennig — journaliste et écrivain —, La Passe imaginaire dresse un autoportrait singulier de Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée. À travers une écriture engagée et vivante, l’autrice raconte ses jours, ses nuits, ses clients, ses amants imaginaires, ses rêveries, ses coups de gueule, ses révoltes contre Dieu, ses verres de royal-kadir, ses usures. Alternant poésie, hyperréalisme documentaire et onirisme, ces lettres révèlent celle qui se nommait "la catin révolutionnaire", une grande amoureuse, une militante passionnée, épicurienne et libertaire. Loin du misérabilisme et du sentiment de honte, Grisélidis Réal donne ici à la prostitution une portée puissante : celle d’un combat à la fois individuel et collectif pour changer la société tout entière. Publiée pour la première fois en 1992, cette œuvre maîtresse de l’autrice reste aujourd’hui cruciale dans le combat pour les droits des travailleuses du sexe et au sein de la littérature féministe.