«Un homme c'est un homme, mais un bel homme, c'est autre chose.» Un soir, le beau Sandro, qui était marchand de bouchons, vient chercher une amie et l'emmène voir un opéra-comique, dont parle tout Paris. Cette pièce est jouée par une chanteuse de café-concert, Migraine, qui lui a donné son nom pour titre. Sandro tombe sous le charme de Migraine, sans savoir qu'elle joue sur la scène sa propre histoire. Confondant le théâtre et la réalité, il a sans cesse envie d'intervenir dans l'action. Plus tard, devenu l'amant de Migraine, il retrouvera dans la réalité une situation semblable à celle du théâtre. Vaniteux, possessif, il voudrait faire étalage de sa liaison, alors que Migraine, imprévue et imprévisible, tient à la garder secrète. En effet, un veuf sentimental, qui rôde dans sa vie, se tuerait s'il connaissait la vérité. Mais Sandro, bien que désenvoûté, ne veut pas se conduire comme son rival de théâtre. L'histoire est racontée par une amie de Sandro, qui s'adresse à l'homme qu'elle aime. Nous ne saurons pas son nom. En tout cas, il ne s'agit pas du tout de Madame de ou de Julietta. «Migraine», écrit dans un style revolver, est une œuvre très différente des précédents romans de Louise de Vilmorin. «Tu disais : "Ça sent Baden-Baden." Ce soir-là, tu étais parti, tu étais loin, mais je t'entendais quand même et peut-être même "Baden-Baden". Alors je me suis dit que j'irais me coucher : non pas que j'avais sommeil, il n'était que huit heures, mais pour tenir ta place chaude, et puis, étant donné la saison, j'ai pensé : il l'aimerait peut-être mieux fraîche, et comme ça ne me tenterait pas d'aller dormir sur le canapé de l'entrée et de poser ma tête à la place où tu jettes ton chapeau, je suis restée accoudée au balcon.» Et c'est ainsi que commencent les amours dramatiques de Sandro et de Migraine.