'Dès que je fus vêtu en soldat, je me sentis libre. J'étais un homme comme les autres : je pouvais manger à ma faim. La crasse de ma misère ancienne fut dissoute, lavée comme par magie. Je possédais un complet, des complets propres et sans trou. Je ne subissais plus l'échec immédiat de mes projets les plus timides. Je pouvais même mentir à mon aise et me composer une vie ancienne à peu près honorable.' Telle fut, en 1906, l'issue honorable à l'impasse misérable que constituait l'existence de Pierre Mac Orlan. Ces confidences, faites à l'âge de soixante-cinq ans, ne forment pas un simple post-scriptum nostalgique d'une vie sublimée dans l'écriture. Avec elles, Mac Orlan nous livre le chiffre secret de son œuvre et nous désigne le personnage qui domine toute son inspiration : le soldat. Au fil des ans, Mac Orlan a composé ce recueil dont le titre est emprunté à trois emblèmes : celui des armées de l'Ancien Régime, celui de l'Infanterie de Marine, celui de l'Infanterie tout court. Le soldat selon Mac Orlan est un émule de François Villon qui chercherait le salut parmi les soldats de Kipling.