Les grandes théories du roman doivent être revisitées afin de libérer la réflexion sur le roman d’une vision finalisée de son histoire et de commentaires qui ne cessent d’être pris dans des dualités ou les oppositions — pouvoir de la forme/déconstruction de la forme, réalisme/antiréalisme, roman du sujet/roman de l’impersonnalité. À travers une relecture de G. Lukacs, de M. Bakhtine, d’E. Auerbach et de quelques autres théoriciens et critiques du roman, à travers un examen de la pertinence des thèses contemporaines sur le récit et sur la fiction, est ainsi proposée une caractérisation du roman comme le genre de la transition temporelle et du jeu sur la différence et l’indifférenciation des identités, celles des personnages, celles des lieux, des moments. Cela permet de redire de grands éléments de l’histoire du roman depuis l’Antiquité, sans négliger les grands exemples orientaux et de replacer ces éléments dans des perspectives anthropologiques qui permettent de dessiner une typologie des personnages. Au final, cela permet de redire le roman sous le signe d’une problématicité, ou de la problématologie.