L’œuvre de Walt Disney est une des plus grandes créations culturelles du XX
e siècle. Serguei Eisenstein, dès 1940, l’avait reconnu. Mais, si cette grandeur est indéniable, il est permis de s’intéresser à ce qu’elle cache : les intentions politiques, voire psychiques, nourries par Disney en inventant – puis en défigurant – les personnages de Mickey, Donald ou Picsou. Dans son extraordinaire généalogie de l’œuvre de Disney, qui doit autant à Erwin Panofsky qu’à Greil Marcus, le critique et historien d’art Pierre Pigot livre les résultats d’une enquête approfondie sur le côté obscur de la Disneylogie. Depuis la projection du premier épisode de Mickey Mouse, précédant la crise de 1929, jusqu'à la subversion de l’idéologie Disney, via les aventures d'un Picsou réinventé par Don Rosa à l'aube de l'an 2000, c’est ainsi toute une histoire des fantasmes et angoisses du siècle passé qu’il propose. Une histoire où se croisent, dans une danse d’une érudition affolante, outre les personnages de Disney, les fantômes d’Aby Warburg et de Walter Benjamin, de Paul Klee et des créateurs de South Park, de Buster Keaton et d'Adolf Hitler.