Dès la publication de Le gris (P.O.L, 2007), Nicolas Bouyssi s’est affirmé comme l'un des plus singuliers romanciers de sa génération. Considéré par Raphaëlle Leiris (Les Inrockuptibles) comme un des rares « jeunes écrivains français à vraiment compter », ou bien par Christine Ferniot (Télérama) comme l’écrivain du « combat contre le cliché et le faux-semblant social », il n’a pas cessé, de roman en roman, de poursuivre un sourd travail de subversion des lieux communs chers à l’époque. Parmi ces lieux communs, ceux véhiculés par l’art contemporain – comme jeu social aussi bien que comme jeu avec la société – ne sont pas les moins importants : ils révèlent les désirs profonds dont l’époque se nourrit. Critique acerbe et ambigu de ceux-ci, l’œuvre littéraire et artistique de Edouard Levé, suicidé le lendemain de la remise du manuscrit de son Suicide, offrait une voie pour éviter les pièges tendus à tous ceux qui, d’une manière naïve, prétendaient les ignorer. C’est cette voie, faisant d’un certain art de la distance son impératif catégorique, que, dans Esthétique du stéréotype, son premier essai, Nicolas Bouyssi tente de décrire, suivant le fil d’une méditation subtile, puissante et originale sur l’esthétique contemporaine du stéréotype – méditation évoquant aussi bien Witold Gombrowicz que Walter Benjamin, Gilles Deleuze que Pier Paolo Pasolini, Roland Barthes que David Foster Wallace. Avec un texte inédit d'Édouard Levé.